Article du 27 mai 2016
Animation croisière sur le bateau de La Mira
Le 9 Juillet: l'association À Vaulx Projets a organisé une croisière poétique sur la bateau LA MIRA.
Buggation :
Claire Rengade et Eric Exbrayat nous ont proposé "BUGGATION",
Un texte tout en images et mélodies.
Présentation du spectacle par Claire:
"Buggation, c’est la naissance du monde, depuis Cro-Magnon ou Geppetto jusqu’à celui qui est en nous ou dans lequel on vit.
C’est aussi le monde virtuel qui parait parfois plus vrai.
Tandis que le soleil se lève et se couche, et se lève et se couche, que la nature a la tête à l’envers, comment grandir ? comment ensemble créer la vie."
L’histoire:
Buggation commence comme un roman policier : la tête dans la lampe, kaferbo est interrogé, sur le monde, l’univers, et comment le nommer.
Il parle ensuite de sa naissance, comme il peut s’en rappeler, et avec eux des autres enfants (Pel et Mel).
Ils décident d’atterrir sur ce monde du début, cet univers de rien, d’avant tout le monde.
L’action exploratoire se déplie en rencontres :
on croise Geppetto, un sculpteur de tout, des natifs du temps d’avant et des nés y’a moins longtemps, Dieu sera de la partie,
sans oublier le cromagnon, ou le jardin des parents plantés là.
Tous évoluent dans un monde qui se virtualise petit à petit, s’équipe en nouvelles technologies, jusqu’à la fameuse « buggation »… mais on ne sait plus si ça se passe en vrai ou pas.
Ateliers d'écriture :
Des ateliers d'écriture ont été animés par Elisabeth Chabuel, Emmanuel Merle et Mohammed El Amraoui.
Atelier Elisabeth Chabuel :
Atelier Mohammed El Amraoui :
Chacun sa méthode pour stimuler la capacité de chacun à écrire de la poésie;
- Lecture d'un texte de Raymond Carver à partir duquel une idée, un sentiment, un passage du texte... déclenche l'écriture.
Consigne1 : décrire le paysage : amoureux satisfait, oiseau , veuf
Consigne 2 : A la fois dense et intense; adresse à quelqu’un
Consigne 3 : vers de Carver « Ils attendirent tout le jour que le soleil paraisse ».
- On pose des mots sur la feuille blanche puis on essaie de les assembler...
- Des mots aléatoires à partir des cartes...
Atelier Emmanuel Merle :
Quelques textes des différents participants :
Description du paysage avec un sentiment
Sous les arbres, le flanc des galets plonge dans l'onde turquoise.
Plus loin, le ventre de la roche accouche de langues noires caressant les flots.
Plus loin, encore, le ciel, pâle couverture, berce l'harmonie de la roche et de l'eau.
Ce ciel colporte des copeaux de lumière découpés sur les rides éphémères en perpétuelle course, comme des milliards de mains brûlantes à la conquête du rivage.
En pente douce, les plages s'offrent à la fraîcheur de l'eau. Plus abrupte, la falaise pénètre les profondeurs.
Mes yeux s’abîment dans un virage d'ombres.
A.C.
Écrire « à la manière de » Raymond CARVER, adressé à une personne en particulier
Tu as stoppé net la voiture sur le parking de la station service, à côté du poste à essence.
Il n'y avait personne sur cette route, cette nuit là, où le seul but était de nous retrouver, dans une chambre d'hôtel, pour faire l'amour… comme tu disais.
Tu n'aimais pas que j'emploie le mot « baiser », tu le trouvais trop vulgaire à mes lèvres. Pourtant j'aimais le prononcer, bien en bouche.
Quand tu as pris le pistolet à essence et l'a enfoncé dans le réservoir, j'ai voulu mordre tes lèvres et enfoncer ma langue entre tes dents.
Tu les as serrées, tes lèvres, affirmant ensuite que le lieu n'était pas assez romantique.
Je t'ai alors demandé un petit morceau de shit. Tu as sorti le paquet de ta poche et me l'as jeté. Je voulais respirer une autre odeur, moins bestiale que celle de ta peau.
Tu as reposé le tuyau sur le poste à essence.
J'ai roulé mon joint.
Tu es parti payer.
Je suis remontée sur le siège de cuir noir
pour m'échapper de ta peau poissant sur ma peau.
Tu es revenu et nous sommes repartis sur la route de nuit pour faire l'amour, plus loin, plus tard, pour mimer l'amour, sans faire semblant.
A.C.
Écrire à partir de la phrase de Raymond CARVER :
Ils attendirent tout le jour que le soleil paraisse.
Le matin, le vieux fit son café
La vieille sortit le chien
Les plantes sur le balcon
se couchèrent en silence
Le vieux bourra sa pipe
La vieille ferma sa blouse
Dehors le vent claquait
sur les volets clos
Le vieux toussa
La vieille trébucha contre la table
À côté, derrière le mur, un lit grinça.
Le vieux prit la vieille dans ses bras
La vieille enleva ses lunettes et le regarda
Dans leurs mémoires mélangées des enfants criaient dans la grange
Je ne sais as vraiment qui, de la vieille ou du vieux, ouvrit la fenêtre
Ensuite, ils attendirent tout le jour que le soleil paraisse.
A.C.
Soir d'Halloween
Fêtes, festivités et sorcellerie
Au milieu du jeu
Et des lumières jaunes
Des lampes, mélodie
Noir, blanc, deux mots
Envoûtante mélodie
Envoûté
Courant du temps non-ressenti
Envoûté
Puis heure du coucher
Sommeil
Rêve
Ami ! Noyade !
Réveil soudain,
inquiet.
Myon Kusanagi
Moi |
Et toi |
Noir
Tout est noir
L’enfant crie
Crie sa peur
Frayeur
Elle l’a laissé tomber
Laissé se blesser
S’effondrer
Laissé glisser
Doucement
Tout doucement
Elle est où ta main
Maman
Elle est où ?
Tout est noir
Et le ciel
Les nuages
Le soleil
Ils sont où ?
Je ne vois plus rien
Elle est où ta main
Rien
Il n’y a plus rien
Rien que l’enfant
Là-bas
Tout en bas.
Seul.
Perdu.
Vide absolu.
Elle est où ta main
Maman
Elle est où ?
|
Une caresse
Tout au fond de moi
Douceur
Violente douceur
Ça glisse en moi
Peur
Peur du noir
Réminiscence
Affolement des sens
Une petite boule rouge
Toute rouge
Qui déboule
Tout en boule
Si petite
Si fragile
J’ai froid
J’ai peur
Peur du noir
Tout en bas
Le gouffre est toujours là
Tu déboules
Comme une boule
Tu es là, si près de moi
Je te serre
Juste un peu
Elle est où ta main ?
Je la tiens
Ça y est je la tiens
Accroches-toi petite boule
Accroches-toi à ma main.
Janine Badin
|
Il y a longtemps…
Le toucher, tendre peau,
Douce peau de ma grand-mère,
Grain de peau si fin,
Enfant si proche
Et ma mère si loin.
Il n'y a pas si longtemps :
Daphné caresse ma main :
Dis, Mamylou, pourquoi tu es vieille ?
Elle jouait du piano assise
Avec son air très comme il faut,
Moi, j'écoutais, les oreilles palpitantes,
Exaltée. C'était Liszt.
Les pattes de mouches crochues
Sur la partition dansaient.
Je n'y comprenais rien,
J'écoutais les couleurs d' Albéniz.
Elle jouait bien, Tante Marguerite,
Avec son air très comme il faut.
La nuit, les cris,
La peur, la nuit,
Arrêtez !
La nuit, les cris,
Je les entends encore
Les cris, la nuit …
Retour aux origines,
Aux couleurs de mon âme d'enfant,
Sur la route de l' arc en ciel
Que je voulais toucher,
Lisse et tendre abri de douceur
Que j'espérais atteindre
en toute liberté,
Plus tard,
Pour oublier les douleurs
De l'ouverture de mon âme d'enfant.
Merci pour ce moment…
Mais je ne connais pas Valérie Trierweiler,
Elle m'a gâché la vie pendant plus d'un an.
Je n'ai pas choisi mon nom, elle non plus. C'est le nom de son ex-mari, Denis, petit cousin de mon mari.
Notre intimité s'arrête là.
Bon, c'est la vie ! Passons!
Merci pour ce moment sur la Mira,
Merci pour vous 6 autour de cette table,
Connus et inconnus. Vos mots m'ont touchée, même si je ne les ai pas tous entendus,
Dans le brouhaha du moteur et des voix.
Merci Elisabeth
Pour ton sourire accroché aux étoiles
Merci pour la profondeur et l'intimité
Mêlée aux paillettes des vagues émeraude.
Au fait, Elisabeth,
Prénom de reine,
C'était le prénom de ma grand-mère
Et, souvenez-vous, j'ai commencé l'atelier par un très mauvais poème sur ma grand-mère.
Je le jetterai,
Comme elle a jeté , avant sa mort,
Tous les poèmes de sa vie !
Sacrées Elisabeths !
Je me souviens
Avoir fait cette traversée à l’aube de la maturité.
Nous marchons depuis de longues heures
le soleil brûle la peau
les mollets sont douloureux
Il est temps d’arriver à l’embarcadère
Une halte tant attendue
De l’eau fraîche
Etancher la soif
Elle a jeter son sac à dos au loin
Elle s’est assise
la tête entre les mains
Elle pleure
Elle frissonne
la fatigue sûrement
Elle s’est ressaisie
Elle est surprise par l’eclat du lac
Ce lac de montagne ensérré dans un écrin montagneux
Elle a collé son visage contre la vitre
Elle a sourit
Tu cries
Tu hurles
Tu menaces
Tu voudrais que je parle
Face au silence
Tu tentes des explications
Tu trouves des justifications
Tu trouves des raisons, oui des raisons
Il n’y a rien à dire
Se taire
Taire la colère
La mauvaise fois
les interprétations
Que faire
Sinon se taire
Plus de mots
Juste le silence
Tu ne comprend rien
Tu n’entend rien
Parler sans se dire
Parler pour médire
Plûtot ne rien dire
le silence , le temps des choses.
…Ils attendirent tout le jour que le soleil paraisse…
Voila des heures que la tempête les bringballe
Harnachés
Ils se heurtent au bastingage
Epuisés
Ils se tournent vers le ciel
A la recherche d’une éclaircie
Trouver la voie
Quitter le chenal
Oublier cette purée de poix
Est-ce une prière
Ils cherche la faille
Une fissure
Un rayon de lumière
Le soleil paraît
Les muscles se relâchent
Le plus dur est derrière…
Lectures :
Les poèmes écrits en classe par les enfants ont été lus sur le pont.
Merci à tout l'équipage pour ses explications historiques, géologiques... à propos de ce merveilleux site.